De l’immatériel au matériel

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Thème

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Michel de Certeau oppose aux stratégies dont fait usage le propriétaire du « théâtre d’opérations », celui qui est le plus fort dans la société, celui qui s’empare d’une attitude politique dominatrice, les « tactiques » et les « micro-libertés » opérés par les gens ordinaires qui prennent leur source dans le quotidien, car :

« Le quotidien est parsemé de merveilles, écume aussi éblouissante …que celle des écrivains ou des artistes. Sans nom propre, toutes sortes de langages donnent lieu à ces fêtes éphémères qui surgissent, disparaissent et reprennent ».

Il est cependant indispensable d’être préparé pour les voir, et cette préparation est celle d’une ouverture qui permet d’acquérir la « liberté intérieure des non-conformistes », la « sagesse de l’illettré », la pureté du regard de l’enfant. Opérer une ouverture qui permet de retrouver des ruses venues d’ « immémoriales intelligences», enracinées dans le passé de l’espèce, dans les « lointains du vivant », dans l’histoire des plantes ou des animaux (Aristote) . « Elles assurent des continuités formelles et la permanence d’une mémoire sans langage depuis le fond des océans jusqu’aux rues de nos mégapoles ».  (L’invention du quotidien, Michel de Certeau, p.65,)

Aborder cette « mémoire sans langage » d’une étendue universelle, nécessitait une préparation. Opérer un retour aux sources, un changement de regard, une révision du langage. De Certeau indique les « figures » et les « tours » qu’analyse la rhétorique.

Nous avons établi au premier quadrimestre un modèle de penser la magie, qui s’est rapproché, du moins sur la forme, des modèles que les connaisseurs de l’art de l’éloquence ont construits pour se figurer le monde de la connaissance, modèle emprunté à la rhétorique, en tant que science et que technique mnémonique.

Ainsi, au 16e siècle, Giulio Camillo menait des études très poussées sur l’éloquence classique en les confrontant aux influences occultes des philosophies spéculatives, ce qui le porte élaborer un modèle du « système du monde ». Camillo élabore un modèle à la fois théorique et pratique, concret (construction planifiée d’un théâtre réel) nommé « théâtre de la mémoire » pour répondre à deux importantes questions :

• « Comment transformer la pensée en image et l’image en mémoire ? »

• « Comment réduire la mémoire en un ensemble fini de représentations et muer toute connaissance en spectacle ? »

Le choix du terrain est venu naturellement. Le 26 janvier 2022, le Carnaval de Binche, dont l’existence s’est pérennisée depuis le Moyen Âge, patrimoine culturel immatériel de l’humanité (UNESCO, 2008), a été, pour une 2e année consécutive, officiellement empêché de se manifester. Ce film choral a pris corps dans cette double immatérialité.

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Équipe

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Cinéastes invités : Jen DEBAUCHE, Pierre VOLAND (LaboBine/ERG), Boris VAN DER AVOORT et Pierre BOUQUET.

En collaboration avec :

• le Festival En Ville ! – directrice Pauline DAVID

• le Collectif EyeKitects : Mélanie GANINO, Sherihane ZAMOUR - IFAR,  Pierre MACHIELSEN

• le Collectif DABITUD Music and danse

 

Lors du jury final se sont également rajoutées Lili Foresti et Sabine Theunissen.

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Ce projet a été soutenu par CINERGIE.BE et la Commission Culture ULB & ULB/Architecture.

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Un grand merci à elles et eux !

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Les films

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